Permettons-nous une lumière éclairante sur de nombreuses décisions de renvoi ou de détention administrative, souvent surmontées d'une interdiction de territoire Suisse allant jusqu'à 20 ans et tentons d'expliquer en quoi ces mesures ne respectent souvent pas les Droits de l'Homme dont le siège est en Suisse.
Les organisations protégeant ces droits sont inquiètes. Pour peu, beaucoup des Droits fondamentaux ne sont pas respectés et pour cause, la loi sur le renvoie effectif des étrangers. Pour juger une personne dont la présence est jugée indésirable, on rencontre deux paramètres: Le principe de proportionnalité qui comprend l'intégration, la naissance ou pas en Suisse, les délits, les attaches au pays ou encore le risque de récidive.
Et le dossier pénal du Criminel. La liste fédérale acceptée par la population en février 2016 comprend des délits graves générant des expulsions quasi automatiques du pays et y interdisent le retour pendant des années.
Cependant et c'est le lieu du débat, dans beaucoup de cas que nous montrerons dans des reportages prochainement, il n'y a pas besoin d'être un criminel pour être expulsé. Il suffit parfois de construire sa vie sur une terre qui nous a refusé d'y vivre, ou de fumer un joint sur un banc ou encore de voler un fruit.
Les dossiers sont analysés par le Service de la Population ordonnanceur du renvoi, et on peut se questionner sur des dérapages partiaux.
Les cas, les "dossiers" sont des données vérifiables et beaucoup trop de procédures sont décriées par les Droits de l'Homme ou diverses associations qui oeuvrent pour ces problèmes.
Le thème du débat c'est un bras de fer entre :
la subjectivité ou "délit de sale gueule" planquée sous un droit rigidifié depuis 2016 et
les vrais droits internationaux de l'Homme
Dans les cas de renvois, l'utilisation de délits de faible gravité est censée ne pas être usitée pour les justifier et c'est précisément ce qui se passe.
Traités comme des dossiers et jugés partialement, les cas de renvois arbitraires et sans réflexion humaine ne cessent de continuer en Suisse.
Le cas de Saber Ferchichi mon mari tunisien sans papiers en Suisse depuis 2014 n'est pas isolé. Même si la détention, jugée très acceptable par le Service de la Population de Lausanne est effectivement vivable, la détention administrative est perçue par les migrants comme très difficile car cet enfermement strict sans délai de sortie et à l'issue trop incertaine les rend complètement dépendants des décisions imputées sur leurs vies entières.
Contre quoi se bat-on ici?
Pour Saber Ferchichi le mode opérationnel du parcage procède malgré le dossier de mariage ouvert à l'Office d'Etat civil de Lausanne, de 6 mois de détention pour refus d’obtempérer à l’injonction de quitter la Suisse en 2016. On l'enferme pour rester comme il a été dit “sous la main des autorités et pour préparer son renvoi quand ils le veulent” et parce qu'il serait un criminel.
L'expulsion à l'aéroport que personne ne savait préparée par le SPOP 2 mois à l'avance.
Le 18 janvier il est emmené à l'aéroport de Genève. Sans avoir averti personne, ni Saber ni moi-même avec qui il a une procédure de mariage, il est menotté mains et pieds et emmené.
Refusant de partir on l'incarcère alors à 70km de sa femme, que l'on maltraite et intimide encore aux guichets du SPOP, tenant des propos déplacés sur un éventuel mariage gris où Monsieur lui vivrait sans amour. Entre allusions sur la différence d'âge de 12 ans, dénigrement de l'islam, à chaque fois qu'il est possible au guichet ils utilisent l'arme redoutable du dédain.
On procède à des tentatives d'intimidation pour la faire douter de lui en faisant les gros yeux devant son casier judiciaire mais elle connaît son mari et ses frasques de migrant sans abri. Emprisonné 3 fois pour séjour illégal lors d'appropriation illégitime ou délits de stups son dossier est clean depuis 2016.
Qu’est ce qui nous ferait renoncer? Rien et encore moins eux...
Imaginez une seconde qu’il y a des amours ou des familles brisés par des décisions horrifiantes d’expulsion, d’interdiction de territoire.
La crédibilité de Bernus Operandus
Vous vous dites peut-être "Mais il a fait quoi, on enferme pas les gens comme ça ici!” avec l’air suspicieux de se dire que quand même... la Suisse est juste. La Suisse est hypocrite. Savez-vous que celle-ci est l’un des pays gagnants de la palme du non-respect des Droits de l’homme et qu’en disant oui au nationalisme grandissant en 2016 on peut désormais expulser à tout va? Savez-vous que même, on a pu nous dire d’abandonner de chercher quelqu’un d’autre pour une situation jugée trop compliquée comme on changerait stratégiquement de voiture?
Histoires de vie
Un colombien de 50 ans en Suisse depuis 20 ans, marié, est expulsé à cause d'un permis de conduire avec interdiction de territoire pendant 3 ans.
Un kosovar de 70 ans divorcé il y a 20 ans sans avoir pu se légaliser est en Suisse depuis 40 ans. On l'enferme en détention, et on le renvoie dans son pays où il ne connaît plus personne.
Un brésilien doctorant à l'EPFL en chirurgie du cerveau est soupçonné d'être un flemmard et un profiteur. Il s'est senti brisé, humilié, diminué.
Une Suisse qui expulse un gamin en apprentissage... me rend dubitative sur la confiance que j’avais en les mœurs de mon pays.
Des criminels suisses, des pédophiles suisses par milliers sont dans la nature.
Pour le simple fait d’être tunisien, algérien, kosovar on enferme à tout va dans des prions pleines.
Pour avoir traversé la mer en bateau et voulu s'installer malgré des refus sur le territoire on juge et on renvoie dans un pays où on a même jamais vécu.
La crédibilité
C'est cette hypocrisie et ce faciès fermé et satisfait confiné dans le stéréotype
Je m’en inquiète pour cette montée de l’UDC grandissante. Symbole du nationalisme flippant, ce sera toujours les mêmes qui trinquent.
Ce bouc émissaire bronzé que l’on utilise pour dire qu’elle est sérieuse. Bien repu de tout avoir et de juger des gars qui ont traversé la mer en bateau ou passé des frontières à pied pour pas crever de faim dans leur pays on cherche la perfection dans cette rigidité de contrôle suisse, on se renferme, on se crée toujours plus de confort et on déploie des barrières autour de nous. On stigmatise par la peur de l’intrus, on dit aux citoyens qu’il n’y a plus de Suisse et on nationalise pour enrober des propos racistes.
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Contact: sandrine.burdet@outlook.com
Sources: Le Temps, Humanrights, Asile, CTS, OSAR, ODAE-Romand
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